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Dixième prière de mon corps
Voici ce lieu, cette beauté assiégée,
cette mort miracle de bleu et de blanc,
de bleu et de blanc dans les yeux du vent,
voici ce vagabond, ce corps.
Voici ce lieu, cette beauté vulnérable
face à tous les présents, à tous les passés,
face à ta sombre inquiétude du commencement,
ces vallons dont on ne voit pas la fin.
Tu es là, debout, taciturne et voilée,
dominant ce ressac apaisé, ignoré.
Sois son printemps éloquent, sa délivrance,
puisque tu es sa souveraine et sa servante.
Oublie ta vieille curiosité,
ne te demande pas s’il est fidèle à la vérité,
mais rejoins, sans qu’on t’entende et qu’on te voie,
la sagesse des années.
Аco Šopov, Non-être (Небиднина), 1963
Traduit par Edouard J. Maunick, Anthologie personnelle, 1994
L’original macédonien a été initialement publié dans la revue Sovremenost XII, 5, 1962.