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Aco Šopov : Poèmes (Песни), Belgrade 1944 / Sigmapres, Skopje 2014
Voici les neuf premiers poèmes d’Aco Šopov publiés dans un livre, qui est en même temps le premier livre paru en langue macédonienne dans la Macédoine libre, en 1944, à l’issue de la Seconde Guerre mondiale.
Ces trente pages témoignent d’une époque où, selon l’expression de l’auteur (en 1973), « la lutte (antifasciste) était le seul moyen de donner un sens à la vie, le seul moyen de préserver la jeunesse ou, plutôt, de rendre à la jeunesse ses droits de jeunesse. »
« Ce petit livre contenait un matériel précieux, rédigé en caractères cyrilliques, qui allait ouvrir de nouveaux horizons de l’expression poétique et littéraire en langue macédonienne », écrivait une quarantaine d’années plus tard la poétesse mexicaine Aurora Marya Saavedra, dans sa préface au choix de poésies de Šopov, Cinérémancien, publié à Mexico. « C’étaient des poèmes que le ‘poète partisan’ avait écrits dans la terreur, parmi les fleuves de sang qui imprégnaient les batailles des forces de résistance antifascistes. Teinté de ses souvenirs amers et deuils douloureux, le pathos lyrique du jeune combattant marquera de son sceau cette première phase de l’œuvre du poète, tout comme les suivantes, subtilement attachée au plus profond de son être. »
« Partisan dans la Troisième brigade de choc macédonienne depuis sa formation jusqu’à la victoire, Šopov ne pouvait pas imaginer qu’avant la fin de la guerre ses poèmes allaient déjà devenir célèbres parmi les combattants. Il imaginait encore moins qu’ils pouvaient être publiés dans les conditions historiques de l’époque », écrit le poète russe Alexandar Romanenko en 1964, dans le choix de poésies de Šopov en russe, avant d’ajouter: «Le cadeau qu’il a reçu au Deuxième congrès de la jeunesse antifasciste yougoslave a été une grande surprise pour lui : au congrès qui s’est tenu fin 1944, dans la ville de Skopje, tout juste libérée, les délégués serbes ont apporté un livre de poèmes d’Aco Šopov publié à Belgrade. »
Voilà l’histoire. En octobre 1944, la Direction régionale de Kumanovo de la Fédération antifasciste de la jeunesse macédonienne fait des polycopies des neuf poèmes de Šopov et les envoie à la rédaction de Mlad Borec (Jeune combattant), revue des partisans yougoslaves, dont l’un des bureaux se trouve dans un village perdu au fin fond de la Macédoine. Brana Perović, combattante et formatrice au sein du Comité central de ladite Fédération, qui se trouve à la même époque dans ce Bureau, prend les poèmes et les apporte à Belgrade où l’on dispose de meilleurs moyens d’impression.
La rédaction de la revue à Belgrade publie les poèmes sous forme d’un livre qu’une délégation de la Jeunesse antifasciste serbe apportera à Skopje, au Deuxième congrès de la jeunesse antifasciste macédonienne. La délégation serbe offrira les exemplaires de ce livre aux congressistes macédoniens.
Soixante-dix ans plus tard, l’éditeur Sigmapres de Skopje et la Fondation Aco Šopov-Poesis ont publié un facsimilé de ce livre, et en ont fait la promotion à la Société des écrivains de Macédoine (7 octobre 2014), et lors du lancement de la Maison lyrique d’Aco Šopov à l’Université « Saints Cyrille et Méthodes » (8 octobre 2014). Pour rappeler le geste historique, les éditeurs ont offert au public quelque 300 exemplaires du facsimilé.
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