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Le soleil et le corps
Du levant au couchant
le soleil parcourt un dur chemin,
à travers brouillards, vents, ruines et cendres.
Lorsqu’il survole la montagne,
il découvre mon corps abandonné.
Le soleil se penche sur lui et lui dit :
« Viens avec moi, il se fait tard, il nous faut voyager ».
Le corps reconnaît la voix de sa femme et s’écrie :
« À travers la mort, dans la vie, conduis-moi, mon amour! »
Le soleil remonte vers les hauteurs,
le visage penché sur le corps gisant en haut de la montagne.
Le lendemain, tout recommence,
de même que le surlendemain.
Et chaque jour le soleil reprend sa course
depuis le pays du levant
jusqu’au pays du couchant
où il plonge dans l’océan des océans
pour apaiser ses blessures.
Un beau jour, ayant invité le corps dans son voyage,
en regagnant les hauteurs, il ne le vit pas voler à sa suite,
ivre de vins de clair de soleil.
Aco Šopov, Arbre sur la colline (Дрво на ридот), 1980
Traduit par Edouard J. Maunick, Anthologie personnelle, 1994
Le poème original a initialement été publié dans la revue Razvitok, mars-avril 1979