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Ndéssé ou « Blues »

Le Printemps charriait des glaçons sur tous mes torrents débandés
Ma jeune sève jaillissait aux premières caresses sur l’écorce tendre.
Voilà cependant qu’au cœur de Juillet, je suis plus aveugle qu’Hiver au pôle.
Mes ailes battent et se blessent aux barreaux du ciel bas
Nul rayon ne traverse cette voûte sourde de mon ennui.
Quel signe retrouver ? Quelle clef de coups frapper ?
Et comment atteindre le dieu aux javelines lointaines ?
Eté royal du Sud là-bas, tu arriveras oui trop tard en un Septembre agonisant !
Dans quel livre trouver la ferveur de ta réverbération ?
Et sur quelles pages de quel livre, de quelles lèvres impossibles ton amour délirant ?
Me lasse mon impatiente attente. Oh ! le bruit de la pluie sur les feuilles monotones !
Joue-moi la seule « Solitude », Duke, que je pleure jusqu’au sommeil.

Leopold Sédar Senghor, Chants d’ombre, 1945