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Je suis seul, le feu dans la poitrine

Je suis seul, enfermé dans la pièce verte du jardin.
Il n’y a personne: ni amis ni proches ni étrangers.
Tout est calme. Seul le silence guette
la tremblante rumeur des feuilles qu’il saisit et pétrifie.

La nuit s’ouvre avec la grâce d’une fleur naissante.
Un bourgeon de rose perce imperceptible,
parmi les pétales risque un incendie à face rouge.
Le bourgeon s’épanouit, s’étale et embrase tout le jardin,
mais soudain la rose disparaît et l’incendie s’éteint.
La flamme cherche sa place dans mon cœur,
s’y installe et pousse arbre de feu géant.

Je suis seul, enfermé dans la pièce verte du jardin.
Il n’y a personne : ni amis ni proches ni étrangers.

Je suis seul, le feu dans la poitrine.
Le feu m’ensoleille plus fort que la parole
des poètes disparus dans le cosmos et l’azur,
en quête d’un univers de beauté
inconnue, souveraine. 

La rose rouge se répand comme du sang, s’écoule,
et le feu s’installe à jamais dans ma poitrine.

Aco Šopov, Arbre sur la colline (Дрво на ридот), 1980
Traduit par Edouard J. MaunickAnthologie personnelle, 1994