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Une mission diplomatique qui se termine tout en poésie*

« Les relations entre l’UPS et l’Alliance socialiste du peuple de Yougoslavie sont très bonnes. Elles sont stables et constantes, et se développent avec un grand succès. Mais je dois préciser tout de suite que nos relations économiques sont bien en dessous de leurs possibilités. Nous sommes obligés d’examiner les possibilités de développement de notre coopération dans le domaine de la pêche, de l’industrie alimentaire et de l’agriculture. Il faut renforcer aussi nos relations culturelles ». Cette constatation est de M. Aco Šopov, ambassadeur de Yougoslavie au Sénégal.
Après quatre années de séjour dans notre pays, il doit rentrer en Yougoslavie, sa mission étant terminée. « La visite officielle du président Senghor en Yougoslavie, à la fin du mois d’août sera l’occasion de rechercher les moyens de renforcer nos relations bilatérales », a-t-il ajouté. Pendant le voyage du chef de l’Etat dans ce pays, les rapports culturels sénégalo-yougoslaves connaîtront une forme nouvelle.

Festival de Struga
La visite du président Senghor coïncidera, en effet, avec la tenue d’un festival mondial de la poésie, à Struga, petite ville très ancienne et très pittoresque de Yougoslavie. Cette localité abrite chaque année cette manifestation culturelle. Un prix sera décerné au chef de l’Etat, la « Couronne d’Or de Struga ». Une soirée entière sera consacrée à ses poèmes. Et l’ambassadeur de Yougoslavie précise: « Je dois moi-même présenter l’œuvre du président sénégalais au public et dire ses poèmes, à la Cathédrale Sainte Sophie d’Ohrid (à 15 km de Struga). Cette soirée aura lieu le 30 août ».
Il faut dire que M. Šopov, est lui-même écrivain et poète. Ce n’est pas un diplomate de carrière. Pendant 25 ans, il a travaillé dans une maison d’édition à Skopje (capitale de la Macédoine). De là, il est entrée au ministère des Affaires étrangères de son pays. Le Sénégal est le premier poste d’ambassadeur qui lui a été confié cumulativement avec celui de Gambie et de Mauritanie. C’est aussi quelqu’un qui taquine souvent la muse.
« Comme poète, j’ai beaucoup travaillé sur les poèmes de Senghor, explique-t-il. Je les ai moi même traduits. A l’occasion de la participation du chef de l’Etat sénégalais au festival de poésie de Struga, j’ai préparé un recueil de sa poésie qui est très riche dans ses valeurs poétiques et négro-africaines. En lisant les œuvres de Senghor, et en vivant au Sénégal, et séjournant en Gambie et en Mauritanie, j’ai pu pénétrer l’âme africaine. J’ai vu, à mon arrivée, un monde qui m’était inconnu. J’ai réussi à le découvrir et faire connaissance avec le tempérament et la passion qui animent le peuple noir ».
Les autorités yougoslaves ont déjà proposé l’organisation de journées du film sénégalais et une exposition d’art contemporain sénégalais pendant le séjour du président Senghor. En prélude à cet événement, les journées du film yougoslave, on s’en souvient, avaient eu lieu à Dakar au mois de juin. Le public a pu voir des films comme le « Derviche et la mort », « Les diables rouges face aux SS », ou « Capitaine Mikhaïlov » qui représentent quelques-unes des tendances du cinéma yougoslave.
« Je suis très content que ma mission prenne fin avec le début de la visite du chef de l’Etat sénégalais en Yougoslavie », a encore indiqué M. Aco Šopov. Je dois partir d’ici le 13 août pour être à Belgrade au moment de son arrivée. Je dois – selon la règle de chez nous – rester au moins deux ans, avant de connaître ma nouvelle mission. Je dois rejoindre le ministère des Affaires étrangères où je travaillerai à la Commission pour les relations culturelles avec l’étranger. Je dois terminer en disant que j’ai beaucoup aimé le Sénégal ».
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* Entretien publié à la une du Soleil, le 01.08.1975, sous le titre « L’ambassadeur de Yougoslavie : Entre l’UPS [L’Union progressiste sénégalaise] et l’Alliance socialiste, tout va bien »