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Source nocturne

Fasciné
par la source nocturne
comme par un visage ensorcelé,
qu’as-tu trouvé
qu’as-tu découvert,
quels feux as-tu noyés
pour n’avoir pas entendu
la chute de l’oiseau
abattu par son propre cri
ou par l’encens dans l’eau
qui l’a grisé à mort ?

Fasciné
par ce miroir
qui transit ton cœur,
dans quels abîmes es-tu descendu,
quelle eau as-tu bue,
captif du langage
de quelle magie nouvelle,
par quelle pierre de folie
as-tu glissé dans la mer morte,

pour chercher
à présent
au fond de la source nocturne
comme au fond de ta propre image
cet Icare
qui te jugera sans pitié.

Et tu ne vois rien
et tu n’entends pas
l’appel
du rossignol
qui allume dans ton sang
les enfers.

Aco Šopov, Cinérémancien (Гледач во пепелта), 1970
Traduit par Edouard J. Maunick, Anthologie personnelle, 1994