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Nuit sur le lac près du monastère

Le lac est sec, il a disparu avec le regard.
L’eau est retournée à la fresque sur le mur.

Seuls nous gisons au fond d’un val désert.
Tu es tout ce que j’ai : victoire et défaite.

La nuit s’épanouit telle une tulipe noire.
Tu ressembles à une église dominant les crêtes.

Et je ne vois rien que tes deux clochers,
deux conques dans une senne, deux cauchemars.

La nuit s’épanouit telle une tulipe noire.
Là-haut, deux cloches blanches, deux pépites de cuivre.

Tinte, sonne, résonne, annonce les ténèbres.
Parole, nous sommes surpris en plein délit originel.

Le feu s’éteint, le regard s’estompe.
Broderie incrustée dans la fresque sur le mur.

Aco Šopov, Cinérémancien (Гледач во пепелта), 1970
Traduit par Edouard J. Maunick, Anthologie personnelle, 1994