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Nid dans les vagues
Un oiseau des terres australes,
fatigué d’un vol trop long,
ébloui par trop de soleil,
tourne anxieux au-dessus du lac.
Dans l’arbre qui tend vers l’eau son riche feuillage,
il cherche son vieux nid,
le seul où il peut trouver le repos et la paix.
L’oiseau, avec peine,
continue de voler, de tourner,
mais ne reconnaît pas l’arbre.
Il a rajeuni, s’est ramifié,
on dirait qu’il recouvre tout le lac.
Des milliers d’autres oiseaux y ont passé leurs nuits
et l’ont quitté au moment des bruits matinaux.
Mais cet oiseau, lui, revenait chaque année
sans s’apercevoir que ses forces le quittaient
et qu’il n’était plus cet oiseau qui volait infatigable
s’enivrant de l’air pur et des parfums de l’arbre.
Il y a longtemps qu’il tourne anxieux au-dessus de l’eau,
au-dessus de l’arbre à l’immense feuillage,
en surplomb sur le lac que ride le vent
charriant de lointaines vagues
qui déferlent de plus en plus.
Voûtées, les vagues ressemblent au vieux nid
que l’oiseau a bâti dans les branches.
En hâte, il s’y précipite,
d’un vol sifflant, traverse les branches,
sans cri heurte l’eau
et se perd dans les vagues.
L’arbre étonné tend ses branches
vers le lac en délire
comme pour recueillir l’oiseau
qui avait passé toute sa vie dans son nid
et qui à présent disparaît dans le nid des vagues,
le seul où il peut trouver le repos et la paix.
Aco Šopov, Arbre sur la colline (Дрво на ридот), 1980
Traduit par Edouard J. Maunick, Anthologie personnelle, 1994