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Neuvième prière de mon corps
Voici ce lieu, ce corps illimité,
couché comme faim muette.
Voici toutes les lumières et toutes les eaux
de cette cité emmurée.
Par-dessus les toits, l’éternel pigeon roucoule
une fable étrange de pain et d’argent…
As-tu trouvé cette parole, ce nom
qui te ronge jusqu’à la moelle des os ?
As-tu résolu cette énigme terrible,
cet âge jamais encore et nulle part vécu,
as-tu vu combien les lumières font mal
au-dessus de ce corps qui coule sans courant ?
Voici ce lieu, ce corps sans limites,
cette faim qui l’enfanta.
La voici, cette cité emmurée,
ces remparts de lumières et d’eau.
Аco Šopov, Non-être (Небиднина), 1963
Traduit par Edouard J. Maunick, Anthologie personnelle, 1994
L’original macédonien a été initialement publié dans la revue Sovremenost XII, 5, 1962.