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Femme à l’hivernage

La coupe de la nuit déborde. S’abat une pluie torrentielle.
Nuit et pluie. Pluie et nuit. Hivernage.
Et une femme seule dans la nuit d’hivernage.
Au son lointain des tam-tams,
elle glisse sous la pluie
comme dans les bras d’un homme.
Une femme montée dans le char de la nuit
vieux et grinçant,
réveillée par le vacarme de la pluie,
folle de joie,
danse dans la nuit, sous la pluie, seule et nue.

Et la pluie s’épanche, guérison des plaies profondes,
exorcisme des forces et des passions obscures,
elle s’épanche comme murmure, comme caresses :
Lève-toi. Pousse, pousse…
Il pleut et l’hivernage se prolonge infiniment,
la femme glisse sous la pluie
comme dans les bras d’un homme.
La pluie s’épanche et tisse d’étranges histoires,
elle est naissance et pleur du premier enfant.

Аco Šopov, Pоème de la femme noire (Песна на црната жена), 1976
Traduit par Edouard J. MaunickAnthologie personnelle, 1994

Extrait du manuscrit du poème « Femme à l’hivernage »

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