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Face à la forteresse

Forteresse gardée par d’invisibles guerriers,
au bout du voyage, je m’effondre à un pas de toi.
Rien que du vent et du feu, du feu et du vent.
D’ici, il n’est point de retour. 

Les frissons d’un affreux mutisme me parcourent.
Le désespoir ne cesse de rôder comme un loup,
autour des roches cendrées du silence atroce.
D’ici, il n’est point de retour.

La terre s’éboule, accable le cœur,
lourde, elle s’entasse, elle m’interpelle :
sois mon égal, deviens terre.
Elle me harcèle de vent et de feu .

Sourde aux cris et aux sacrifices,
juge impassible, cruel,
chaque nuit, la forteresse s’anime
frappée par le soleil des morts.

Аco Šopov,Non-être (Небиднина), 1963
Traduit par Edouard J. MaunickAnthologie personnelle, 1994
Le poème original en macédonien a été publié pour la première fois dans la revue Sovremenost, XIII, 4, 1963