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Cinérémancien
Consume-toi poème dans le feu par toi-même allumé.
La parole explose dans le silex et se dissipe en cendres.
Voyant, as-tu reconnu dans les cendres le drame originel
qui remonte du fond de cette source sombre ?
Poème, je t’ai arraché au bec de l’oiseau qui vole dans mon sang,
au ciel rutilant de mes veines en feu,
vaisseaux entre deux mondes irréconciliables,
soleils levants aux phases ayant gardé leur énigme.
Je t’ai arraché au courroux des icônes, ces gammes occultes,
à la foudre du fer de lance du guerrier uni à la pierre,
au rêve de ceux qui sont plus haut que le rêve enchanteur,
et qui, à peine éteints, renaissent à nouveau.
Nous sommes à présent deux mondes, deux diables, deux ennemis en guerre,
nous sommes guerre sans issue et poignard contre poignard.
Qui est vaincu ? Qui est vainqueur ? Pour qui l’aube aux plaies insensées ?
Consume-toi poème dans le feu par toi-même allumé.
Aco Šopov, Cinérémancien (Гледач во пепелта), 1970
Traduit par Edouard J. Maunick, Anthologie personnelle, 1994