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Blanche tristesse de la source
Poème d’autrefois, poème pur,
je suis parti sans regret.
Pour la blanche tristesse de la source, parti,
pour les amours provisoires des fleuves,
pour une poignée de ciel, bleu charbon,
pour les confins de l’inaccessible.
Poème d’autrefois, poème pur,
je suis parti sans regret.
Mais voici que sur le seuil du matin,
une lourde incertitude est accroupie,
elle répète sans se lasser une même question :
Prends-tu les choses pour ce qu’elle valent vraiment?
Je sais,
l’automne venu, tout se réconcilie,
les fleuves retrouvent la paix des amours
en rencontrant les mers,
le ciel mûrit, fécondé par le chant
des blés, des vignes, des oliviers,
seule la blanche tristesse de la source
demeure la même, inchangée,
éternelle nostalgie du grand large.
Aco Šopov, Le beau temps vient avec le vent, (Ветрот носи убаво време), 1957
Traduit par Edouard J. Maunick, Anthologie personnelle, 1994