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Aco Šopov dans les années 1970.

Aco Šopov, Zagreb, 1976.

Je suis attaché à la Macédoine

Quelques extraits de l’entretien d’Aco Šopov avec Ivan Krtalić, publié dans Око, Zagreb, 2-16 décembre 1976

  • Il y a des poètes issus de la culture et des poètes issus de la vie. Je pense que les poètes macédoniens viennent tous de la vie. C’est probablement la raison pour laquelle il n’y a pas de poètes en Macédoine qui sont en vogue pendant une dizaine d’années et qu’on oublie dès qu’apparaissent de nouveaux courants littéraires ou de nouvelles manières de dire. 
  • A mon propos, on a évoqué des influences d’Essénine ou de Lorca, ou encore de certaines traditions méditerranéennes. Mais chaque poète voit le monde, et l’homme de ce monde  – y compris soi-même – , sous un angle particulier. Il a ses propres outils d’expression qui sont inimitables, que lui seul maîtrise en tant que poète et dont lui seul connaît le fonctionnement.
  • Je sais, le recours excessif à la métaphore n’est pas chose courante dans la poésie moderne. Mais le questionnement sur l’existence humaine nous oblige à aller à la découverte de nouvelles significations des mots, de nouveaux contenus, de nouvelles associations, de nouvelles relations. Et c’est cela, mon arme. Chaque poète a son propre univers de symboles, et même s’ils sont récurrents, leur portée dépend du contexte, du nouveau contenu dans lequel ils sont placés. Tout dépend du poète qui construit le poème. Pour moi, la démarche n’est pas importante. Le procédé, le graphisme, la technique ne sont pas celles qui déterminent la qualité d’un poète. C’est le poème qui la détermine. A mon propos, on a dit, par exemple, que j’avais aboli la narration dans la poésie, que j’avais réduit au minimum le nombre de mots. Vu de l’extérieur, on peut croire que c’est une méthode, une démarche consciente et délibérée. Mais pour ce qui me concerne, je ne fais qu’utiliser autant de mots que nécessaire pour m’exprimer. De sa première à sa dernière version, le poème subit plusieurs modifications. Je travaille sur le poème, je remplace un mot par un autre, je cherche de nouvelles expressions, pour mieux dire ce que je veux dire. Cela vient de l’insatisfaction de soi-même, cela fait partie du travail du poète, rien de plus.
  • [A propos de Poème de la femme noire, recueil inspiré par le séjour du poète au Sénégal] Les nouvelles conditions de vie ne créent pas un nouveau poète. C’est toujours le même poète, c’est toujours moi qui écris, moi qui suis attaché par des liens visibles et invisibles à la Macédoine, à son peuple et à sa langue, à son destin.